Turtle Alveston a 14 ans et habite seule avec son père, Martin, dans une maison délabrée, dans laquelle la moisissure ronge les cadres de fenêtres et où les trous de balles laissent entrer la lumière. Elle a également son Papy, Daniel, qui habite un mobile home crasseux un peu plus loin dans la prairie. Ils sont isolés du reste du monde.
Pour s'occuper, Turtle apprend à démontrer et entretenir des armes. À tirer aussi. Si elle rate son coup, son père lui dit qu'elle est faible, qu'elle ne vaut rien, qu'elle doit apprendre à s'endurcir. Chez eux, on trouve davantage de balles et de pigeons d'argile que de quoi se nourrir. Son seul autre passe-temps consiste à errer aux alentours, sur la plage, dans les bois, n'importe où, tant qu'elle n'est pas à la maison.
La première fois qu'elle tentera de s'échapper, elle rencontrera deux lycéens, deux garçons imaginatifs et attachants qui l'accepteront sans attendre. Pour la première fois de sa vie, Turtle a des amis. Cette nouveauté changera la donne. Puis la mort de son grand-père viendra vraiment tout changer. Pour de bon.
Citation :
"Elle
démonte et nettoie le Sig Sauer à la lueur d'une lampe à l'huile. Elle
réengage le chargeur, fait coulisser la glissière et pose le canon
contre sa tempe, juste pour se rappeler qu'elle n'est jamais prisonnière
au point de ne pas pouvoir s'échapper."
Mon avis
Un roman dur, frustrant.
Une
relation père fille malsaine, une jeune fille de 14 ans qui s’interroge
sur qui elle est, sur la normalité des sévisses que son père lui
inflige. Il l’aime, elle en est certaine. Au point de jurer qu’il ne l’a
jamais touchée devant une professeur qui s’inquiète.
Elle ne convainc personne.
Mais
quand elle se lie d’amitié avec deux lycéens, ça change sa perspective. (J’ai
adoré Brett et Jacob, d’ailleurs. Leurs personnages sont drôles et
attachants, juste assez nonchalants pour bien démontrer qu’ils aiment
s’amuser mais qu’ils s’inquiètent vraiment pour Turtle).
Quand
les viols à répétitions sont sensés être une preuve d’amour et que les
leçons de tirs et d’entretiens de fusil priment sur les mots de
vocabulaire, on est témoins d’une éducation bien particulière.
Une situation délicate dont Turtle devra s’extraire coûte que coûte, si elle tient à la vie.
J’ai
lu beaucoup de commentaires négatifs sur ce livre. Comme quoi c’était
inintéressant ou lourd. Je n’ai pas eu cette impression du tout. Je me
suis laissée emportée par l’univers de cette jeune fille, victime sans
être faible et très introspective. Son questionnement incessant sur qui
elle est, ses valeurs et son avenir m’ont séduite et au final, j’ai lu
les quasi 500 pages en deux jours. La résilience et la force brute qui
émanent d’elle sont incroyables. Oui c’est dur, oui c’est choquant, oui
on espère une fin heureuse.
Bien que Turtle parvient à se soustraire du joug de son père, ça ne se fait pas sans heurt.
Au final, un roman choc qui mérite qu’on s’y intéresse.